Lire Pennac

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Résumé :

« Si les vieilles dames se mettent à buter les jeunots, si les doyens du troisième âge se shootent comme des collégiens, si les commissaires divisionnaires enseignent le vol à la tir à leurs petits-enfants, et si on prétend que tout ça c’est ma faute, moi je me pose la question : où va-t-on ? »

Ainsi s’interroge Benjamin Malaussène, bouc émissaire professionnel, payé pour endosser nos erreurs à tous, frère de famille élevant les innombrables enfants de sa mère, cœur extensible abritant chez lui les vieillards les plus drogués de la capitale, amant fidèle, ami infaillible, maître affectueux d’un chien épileptique, Benjamin Malaussène, l’innocence même (« l’innocence m’aime ») et pourtant… pourtant le coupable idéal pour tous les flics de la capitale.

 

Mon avis :

 

Tout est lié. La mort de Vanini, l’agression de Julie, les vieilles qui calanchent, les infirmières qui bourrent de médocs les vieux désespérés… tout est lié vous dis-je !

C’est dans ce climat apocalyptique que la tribu Malaussène « vit ». Ils rencontrent des mourants, frôlent eux-mêmes la mort et final, ils l’emm****nt la mort !

Langage un peu cavalier je sais. Mais comment parler de La fée carabine autrement ?

Encore une fois, Daniel Pennac a allié humour et noirceur avec une habileté déconcertante. Cependant, dans ce second tome des aventures des Malaussène, l’enquête policière prend un tournant différent. En effet, tandis que dans Au bonheur des ogres la police n’apparaissaient qu’en second plan, ici, la police occupe la place centrale. On rencontre ainsi Pastor et Van Thian, deux policiers justes et honnêtes en quête de vérités. On retrouve aussi le divisionnaire Coudrier (cf tome 1).

Ils vont tout mettre en œuvre pour résoudre les nombreux mystères présents dans ce tome qui mêlent les infirmières de la mairie, les vieilles amies de Stojil et Julie.

Au milieu de ce capharnaüm, les délicieux membres de la famille Malaussène nous réjouissent encore davantage. Les lunettes roses du Petit. Jérémy, toujours aussi drôle et inventif. Maman qui pond encore… Et les sœurs (Clara, Louna et Thérèse), un peu barrées mais très dévouées à leur frère Benjamin. Ah Benjamin… Le bouc émissaire pas excellence, voué à être le coupable à fouetter à chaque enquête criminelle.

Et il va en connaître des malheurs notre Benjamin national. Et oui,  vous l’aurez deviné : des morts, des mortes, des mourants et des mourantes !

Ajoutons à ces personnages, une autre volée de personnages : les vieux drogués. Ils font leur apparition dès le début du roman. On les découvre en désintoxication de médocs. Ils sont attachants et pleins d’un savoir sans faille. Risson, Verdun, Rognon, Semelle et Merlan.

Enfin, je ne peux achever l’écriture de cet avis sans vous parler de la fascinante veuve Hô. Mystique et presque surréaliste, elle traverse le roman dans ses socques en bois et chaussettes de laine. Elle occupe une des places centrales du récit, et paraît si fragile, si gentille, si… Elle fait une entrée en matière des plus attendrissantes avec son magistral « pouôtédger » (= protéger), mais qui est-elle vraiment ?

Petit bémol tout de même qui vient assombrir le tableau : par moment, c’est un peu longuet…

 

En bref : Toujours autant d’humour. Toujours cette verve simpliste qui claque à l’oreille comme un élastique. Ça languit, ça berce… Du Pennac tout cracher ! Un régal, toujours.

 

Note : 4/5

 

 

La saga Malaussène

 

Au bonheur des ogres (1985)

La Fée carabine (1987)

La Petite Marchande de prose (1989)

Monsieur Malaussène (1995)

Monsieur Malaussène au théâtre (1996)

Des chrétiens et des Maures (1996)

Aux fruits de la passion (1999)

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