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Résumé (quatrième de couverture) :

 

Vint le moment où la souffrance des autres ne leur suffit plus : il leur en fallut le spectacle.  - A.N.

 

Une petite fable cynique jonglant à souhait avec le beau et le laid, le bien et le mal.  - Metro

 

 

Mon avis :

(attention, spoiler !)

 

Je ne dirais pas qu’il s’agisse d’un coup de cœur pour moi. Mais cela reste une grande œuvre pleine de sincérité, un cri contre la « génération télé-réalité ».

 

Mais au fait, parle-t-on d’un camp de concentration ou d’une émission de télé-réalité ?

Certains diront : c’est un camp de concentration.

En effet, il y a des latrines et des couchettes minables, des rations de « nourriture » à peine mangeable, les prisonniers sont contraints aux travaux forcés, les kapos sont abominables avec eux et décident de leur survie ou de leur mort. Aussi, on assiste à une véritable déshumanisation des prisonniers avec la présence des matricules.

D’autres diront : mais non, c’est une télé-réalité !

En effet, il y a des caméras dans tous les coins, une sorte de casting a été faite pour sélectionner les kapos, les spectateurs affluent en masse, les organisateurs surveillent le tout, du haut de leur tour de contrôle.

 

Je ne sais donc trop comment trancher. Cependant, l’horreur est bien réelle. Les conditions de détention sont telles, qu’elles copient à l’identique les conditions de détention des camps de concentration de l’époque nazie. La seule différence ici, étant que les prisonniers ne sont ni juifs, ni ennemis politiques ; ce ne sont que des inconnus.

Cette description précise du camp est très intéressante. Le décor paraît si réel, si vrai. On s’y croirait presque.

 

            Les personnages quand à eux, sont vraiment fascinants. Surtout Pannonique et la Kapo Zdena. En effet, tandis que la première est noble, belle et a un caractère fort, l’autre apparaît méchante, manipulatrice et obsédée par Pannonique. Elles sont toutes deux liées mais si différentes. Pourtant, l’obsession de Zdena n’est pas partagée par Pannonique ; cela n’empêchera pas celle-ci de profiter de la situation pour obtenir du chocolat ou de meilleurs traitements pour elle et ses compagnons.

 

Certains ont trouvé la fin décevante, la disent trop facile, trop évidente. Une happy-end trop prévisible en somme. Une fin qui m’a assez plue pourtant ; et puis, comment finir cette histoire d’une autre manière ? En tuant tout le monde plutôt que de les sauver ? Cela aurait été plus décevant encore à mon avis. Il ne faut pas enlaidir encore le plus le monde, il l’est déjà bien assez.

 

 

Ma page préférée :

 

 

p.93 : l’héroïne se parle à elle-même

Tandis qu’elle peinait au déblaiement des gravats, elle eut une crise de haine en pensant aux spectateurs. C’était une implosion lente qui partait de la cage thoracique et qui montait aux dents, les changeant en crocs : « Dire qu’ils sont là, avachis devant leur poste, à savourer notre enfer, en feignant sûrement de s’en indigner ! Il n’y en a pas un pour venir concrètement nous sauver, cela va de soi, mais je n’en demande pas tant : il n’y en a pas un pour éteindre son téléviseur ou pour changer de chaîne, j’en mets ma main à couper. »

La kapo Zdena vint alors l’arroser de coups de schlague en l’invectivant, puis alla s’occuper ailleurs.

« Je la déteste aussi, et pourtant beaucoup moins que le public. Je préfère celle qui me frappe à ceux qui me regardent recevoir sa hargne. Elle n’est pas hypocrite, elle joue ouvertement un rôle infâme. Il y a une hiérarchie dans le mal, et ce n’est pas la kapo Zdena qui occupe la place la plus répugnante. »

 

 

Ecrasée par le poids du travail et de la souffrance, Pannonique se parle ici à elle-même. Elle est si dégoûtée par l’humanité qu’elle n’en revient pas de toute la haine qu’elle ressent.

Cette scène touchante, nous révèle le véritable message de l’auteur : si les Hommes peuvent engendrer une telle horreur, ils peuvent aussi l’arrêter. Mais cela n’est qu’une question de volonté ; la volonté de ne pas laisser le monde s’enlaidir, de ne pas le détruire par le billet de l’égoïsme, de la tuerie, etc… Ce message s’applique à l’échelle de l’Humanité elle-même, mais aussi à petite échelle, comme c’est le cas pour les télé-réalités. L’auteur exprime son désespoir face à la stupidité et l’aspect polémique des télé-réalités. Plus on avance dans le temps, plus les chaînes de télévision proposent des émissions qui filment tout et n’importe quoi, même le pire aspect de l’Homme : sa capacité à faire souffrir. Le but de l’auteur est donc d’empêcher l’Homme d’arriver à de tels extrêmes, en le prévenant des conséquences possibles.

 

En bref : un roman qui a su me captiver et me faire réfléchir. Une histoire qui abordent des thèmes importants, comme l’avenir du monde, l’avenir que les Hommes créent au monde. En plus de l’avertissement qu’il propose, ce roman expose les faits précis de l’horreur concentrationnaire avec un certain recul, épargnant les âmes sensibles et ne bouleversant pas autant que Primo Levi et son roman Si c’est un homme, par exemple.

Je le recommande donc volontiers à tous.

 

 

Référencé chez BOB
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